« Avec l’avènement de l’ère de la communication, ils se sont tus parce que plus personne ne les écoutait. » Hippolyte

 

              Mesdames, Messieurs, Jouvenceaux et Jouvencelles,
Sachez qu’il n’en est rien.
Le métier de crieur de rue perdure, directement inspiré des crieurs publics d’époque qui officiaient sur la place du village, et qui, sachez-le, ne se sont jamais tus complètement.
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Parce que cela fait du bien à tout le monde, Plume la Crieuse se joint à la grande famille des orateurs, des paroliers de la chaussée, des porteurs de mots, généreux de la glotte, assourdisseurs d’esgourdes,  répandeurs de bonnes nouvelles, chatouilleurs de message, colporteurs d’idées, diffuseurs de pensées, jubilateurs de l’oralité, réseau social de chair et d’os, énervées des cordes vocales et autres chuchoteurs de l’espace publique…
Armée de sa voix, Plume sonne sa cloche pour annoncer le début de la
Criée publique, partout où il y a des oreilles.
Ce qu’elle clame, ce sont vos mots…
…petites annonces, coups de gueule, dictons, pensées du jour, poésie, état d’âme, petit ou gros, tous vos mots, anonymes ou bien signés. Tout ce qu’on lui a glissé, dans sa fidèle boite aux lettres qui supporte chacune de ses criées.
Griffonnés pour l’occasion, écrits en va-vite ou élaborés longuement au coin de l’esprit, chaque message est porté à plein poumon, sans censure. Car c’est un principe d’honneur, foi de crieur !
Un spectacle dont vous êtes l’auteur!

 

En mai 2012, j’ai pu me lancer avec grand plaisir dans l’art de la parole et de la voix, en développant l’idée de refaire une criée publique sur le marché local. Ainsi est née une nouvelle crieuse toute farfelue et quelques boites à mots se sont vues déposées deci-delà.

Pour moi, ce fut l’occasion de travailler la rencontre avec le public mouvant de la rue.

Après une approche positive du marché de Brissac-Quincé, j’ai décidé d’en faire l’une des facettes de mon métier tissé d’oralité. Car il ne sert à rien de se taire quand on n’a rien à dire !

Puis j’ai découvert la richesse de ce rôle dans un monde où chacun est déjà submergé d’informations. Les messages viennent de partout, parfois de très loin, et l’ordinateur permet de relayer à vitesse accélérée des messages aux origines intergalactiques, jusqu’à en perdre tout lien et tout sens !

Mais la boite à mots dans laquelle je récolte précieusement vos pensées est encrée, ancrée dans un monde de matière… une amarre concrète pour accoster à un monde ralentit, à une parenthèse de temps… Il est enfin possible d’ouvrir les écoutilles de l’attention, de réfléchir lentement, de prêter oreille aux messages de ces gens qui sont proches, ici et maintenant.

D’y répondre quand cela vous chante, sans précipitation, car il faut attendre de toute façon la prochaine parenthèse, le moment délicat, la criée suivante !

Et s’arrêter à nouveau pour s’offrir d’incroyables voies d’air dans la coque rouillées de nos crânes.

Le silence, c’est un peu le sourire de la Vitesse.